13 août 2016

Voyage en Russie ! - partie 3

vendredi 12 août 2016



Un lourd couvercle de nuages gris recouvre Moscou aujourd’hui, alors que nous nous levons de bonne heure : il est temps d’aller explorer le centre-ville ! Levés en traînant les pieds, nous avalons rapidement pain et kolbasa (un saucisson façon russe qui pourrait se faire passer pour un saucisson à l’ail bien français, haleine fruitée y compris), un thé pour la route, avant de nous presser vers la station.

A l’arrivée du train au terminus de la ligne Kourski, qui est l’une des sept grandes gares de la capitale, nous achetons notre ticket auprès d’Irina, une contrôleuse à l’allure peu commode, comme son rôle semble l’exiger. Celle-ci se révèle être au final être presque sympathique, aberration que Macha ne manque pas de remarquer, sans savoir qu’elle n’est pas au bout de ses surprises…

Notre première étape est un grand bâtiment abritant une banque, où nous apprécions la modernité des lieux, une bonne partie des services semblant avoir été automatisée depuis la dernière visite de Macha, il y a près de deux ans. Tout va très vite, et les employés sont d’une amabilité telle que Macha en est toute interloquée : « les gens sont polis, je ne sais pas ce qui se passe, quelque chose a changé en Russie ».

Et effectivement, à mesure que nous parcourons les rues en direction du centre après un rapide encas au Grabli, Macha me fait remarquer de nombreux détails témoignant de l’évolution de la ville : les voies piétonnes s’élargissent, de nombreuses terrasses à l’européenne fleurissent devant les restaurants, les petites boutiques tenues généralement par des immigrés ont disparu de la plupart des souterrains, la mendicité est quasi invisible, la ville ne semble plus aussi cosmopolite qu’auparavant…


Tout à ces réflexions, nous descendons la Tverskaya, immense avenue menant au Kremlin sur laquelle ont généralement lieu les défilés militaires, et atteignons le célèbre magasin Eliseevskiy.
Ce magasin a comme particularité d’être installé dans un palais datant du début du XIXème siècle, qui n’a pas bougé depuis les années vingts. La décoration intérieure est sublime, on reste émerveillé devant les lustres, plafonds ouvragés et ornements Art Nouveau qui tranchent un peu avec les produits mis à la vente. Les désodorisants côtoient les statues anciennes, les rayons de friandises s’étendent à perte de vue tandis qu’un portrait d’Eliseev, fondateur du magasin ouvert en 1901, adresse à une assemblée de pastèques un regard empli de bienveillance paternelle. Nous profitons de l’endroit pour faire provision des poissons à l’odeur démoniaque fumés et séchés que nous adorons, avant de reprendre notre chemin vers le Kremlin.


La présence de légions japonaises nous signale notre entrée dans la zone touristique de la ville, alors que sur notre gauche le fondateur légendaire de Moscou, Youri Dolgorouki, nous toise du haut de son piédestal. Devant les hordes de touristes et les files d’attente sans fin, nous décidons de reporter notre visite du Kremlin à la fin de notre séjour, et de partir explorer les alentours, que Macha connaît bien.
Le quartier est riche en personnalités phares : nous tombons bientôt sur une statue du metteur en scène Stanislavski, dont l’école de théâtre se trouve à deux pas du théâtre de Tchekhov. Celui-ci monte la garde non loin de là, les traits figés, sûrement outré de voir son établissement impunément masqué par la terrasse d’un bar portant son nom.


Non loin de l’entrée de la Place Rouge, nous arrivons juste à temps pour observer la relève de la garde, c’est-à-dire des deux militaires gardant le « feu éternel », qui commémore la victoire de la Grande Guerre Patriotique (connue également sous le nom de Seconde Guerre Mondiale). 


Plus loin, nous apercevons le siège de la Douma, le gouvernement russe, logé dans un immeuble à l’allure aussi avenante et chaleureuse que le Président lui-même. Cette vision sinistre ne dure qu’un temps heureusement, car notre regard se pose bientôt sur une sympathique collection de statues évoquant fables et contes connus, non loin d’une majestueuse fontaine surmontée de quatre destriers. Nos pas nous mènent ensuite devant le célèbre Théâtre du Bolchoï, devant lequel trône une statue de Karl Marx ornée de la fameuse citation : « Prolétaires de tous pays, unissez-vous ! ». 


Nous pénétrons ensuite sur la Place Rouge, qui malheureusement est encombrée de structures en gradins ainsi que diverses installations peut-être mises en place pour l’improbable « Festival de la confiture », qui empêchent d’apprécier pleinement la vue sur l’ensemble de la place et des murailles de la forteresse, masquant en partie le tombeau de Lénine et même St Basile. Nous dépassons bientôt cette dernière, qui est vraiment splendide, sous une pluie fine qui commence à tomber.


La fatigue commençant à se faire sentir, nous décidons d’aller déjeuner à la Cantine n°57 (Stolovaya №57). Il s’agit d’une ancienne cantine soviétique qui a été conservée en l’état, en dépit de quelques modernisations discrètes. Après une queue qui ne s’éternise pas, on profite d’une très bonne cuisine, très variée, très abordable, et typiquement russe (j’ai testé pour vous et je recommande : le mors (boisson au jus de canneberge), les kotleti de champignons, les pirojki (pâte farcie à la viande ou légumes), et les tomates marinées façon malosol). La décoration reproduit fidèlement les modèles de l’époque, des ornementations en marbre aux tenues des employés en passant par les nappes en plastique imitation dentelle. Pas de fond musical, pour garder l’ambiance cantine, mais des petits poèmes sur les tables pour inviter les clients à aider au débarrassage.


Ce restaurant/cafétéria se trouve au dernier étage de la galerie commerciale « Goum », ouverte par le tsar Alexandre III à la fin du XIXème siècle et qui n’a pas tant changé depuis. L’ambiance du lieu est des plus agréables et on s’étonne même d’y trouver des enseignes contemporaines. Macha m’indique qu’une partie des galeries est à visiter à tout prix (en l’occurrence 150 roubles, soit moins de 2 euros) : il s’agit des toilettes dites « historiques », qui ont été restaurées à leur état originel… Après avoir réglé la somme due et récupéré le ticket d’entrée auprès de la dame en uniforme assise à un splendide bureau, on se met dans l’ambiance tandis que des haut-parleurs diffusent une version symphonique du traditionnel « Katiouchka ». Des serviettes impeccablement empilées attendent lascivement l’usager qui voudra bien s’essuyer les mains après les avoirs lavées dans les lavabos aux pourtours de marbre… On s’y sent tellement bien qu’on y resterait, mais la réalité me rattrape vite : Macha m’attend pour la suite de la visite !


Après être allés récupérer les papiers prouvant que l'administration russe me connaît, nous profitons de la partie métro du trajet retour pour visiter les stations les plus anciennes de Moscou, celles qui forment le « cercle » qui permet de passer facilement d’une ligne à l’autre. Des citations de Pouchkine à Pouchkinskaïa, des mosaïques reprenant les grandes scènes de l’histoire soviétique, une station romaine, affichant Remus et Romulus… On découvre les statues de bronzes de révolutionnaires abrités dans les arcades de Plochtchad Revolioutsii (Place de la Révolution). Il est dit que caresser le museau du chien qui accompagne l’un d’eux porte bonheur, et nous observons certaines personnes achever de lui polir le nez – certains font même le détour au sortir de la rame pour aller le toucher. Le réseau de la capitale russe n’a pas la réputation de plus beau métro du monde pour rien : la station moscovite la plus sobrement ornementée ferait passer l’ensemble du métro parisien pour une section abandonnée de la ligne Maginot.



Demain et les 3 jours qui vont suivre, nous quittons Moscou pour la ville de Taroussa, puis passons 3 jours dans la communauté de Kitèje! Stay tuned pour de nouvelles découvertes :)

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